Klein, Paris, 1940, piano à queue, n°43 279
Le crapaud est un grand classique du XXè siècle. C’est toutefois bien plus tôt que ce terme a été employé, une moquerie de Gounod, dit-on, raillant ainsi un modèle de Pleyel. Il s’agissait, en l’occurrence, du 3 bis, l’un des modèles les plus célèbres de la maison, celui qui fera la plus belle carrière.
Ce piano est bien sûr reconnaissable à sa petite taille, il est de la maison Klein, une des plus grandes maisons françaises, une des plus anciennes au monde (créée en 1791 par Joseph Klein).
Cet instrument est tout à fait représentatif des années 1940/50, esthétisme moderne, ligne épurée. Les spécialistes reconnaissent aisément ces modèles, même parmi des réalisations similaires des copains de la même époque (Gaveau, Erard, Pleyel, etc… pour ne citer qu’eux), à de petits détails, de meuble ou autre. Les épaulements des pieds sont ici arrondis, il s’en faisait aussi à pans coupés. Le meuble est plaqué d’acajou fil et de citronnier. A l’intérieur, se dévoile le tout à fait classique cadre fonte pleine tourillonnée, cordes croisées. Le clavier est à 88 notes, 7 octaves ¼, mécanique de marque Union. Les dimensions, normales pour ce genre d’instrument (L : 133, l : 148) en font, si on peut dire, un piano moins long que large. On peut citer des pianos à queue encore plus petits, et de la même époque : les extra réduits (pas plus de 130 cm de long).
On reconnait bien là un piano dit ‘’de guerre’’. Au-delà des formes modernes (après le meuble, observons le pupitre, les pédales), on remarque que les matériaux, notamment les métaux de l’accastillage (charnières par exemple) sont de couleur blanche. Cela nous donne une bonne indication de la période, on peut penser que les métaux –jaunes- de meilleure qualité et employés habituellement pour ces pièces (cuivre, laiton) avaient été réquisitionnés pour l’effort de guerre.
Jean Jacques Trinques