Martin, piano pédalier

n° 5128 (vers 1880)

Voici quelques années, j’avais publié un papier sur la maison Martin, sise aux  Ponts jumeaux, à Toulouse. J’y parlais d’une production qui ne restera pas dans les annales, un piano cadre fonte avec des tourillons spéciaux et y évoquait, pour l’occasion, un des chevaux de bataille de la maison : le piano pédalier.

Nous sommes dans le dernier quart du XIXe siècle, période très florissante dans le domaine. Ce piano était destiné à l’organiste qui n’avait bien sûr ni les moyens ni la place d’avoir un orgue chez lui. Il s’inscrivait dans la droite ligne d’une mode, réunissant dans un même creuset musique et religion. Par la grâce de ses deux vis à vis totalement indépendants, il supplantait largement tous les systèmes d’abrégés existant à l’époque (l’abrégé est une machinerie de tringles articulées reliant un clavier-pédalier au mécanisme des notes graves d’un piano).

L’intérêt de celui-ci est donc la construction d’une double structure dans une même caisse : un piano normal devant (85 notes, 7 octaves, la à la) et un piano de basses derrière. Chacun a sa mécanique de marteaux, sa table d’harmonie, ses cordes.

Le barrage, que l’on voit à l’arrière à travers le système de basses, montre des barreaux communs aux deux instruments. Les deux harpes harmoniques sont cadre bois, on remarque un seul renfort métallique au recto (plan de cordes : 10 unicordes, 10 doubles et 6 triples filées, le reste en triples fer).

Le pédalier de basses 30 notes est en mauvais état. Il actionne son mécanisme via des prolonges en sapin, un système poussant et non tirant.  La taille des pièces de la mécanique impressionne toujours, l’ensemble est assez propre. De droite à gauche (logique : tout est à l’envers) les sept premières notes basses sont bicordes. Suivent 10 triples et 13 quadricordes, toutes filées évidemment. A noter que nous avons ici les deux systèmes de mécanique pour piano droit : à lames devant  et à baïonnettes pour le piano de basses.

Le meuble est assez bien proportionné, austère dans son placage ordinaire, un poirier teinté de noir, normal pour l’époque (il se faisait aussi en palissandre). On passera sur la banquette. Celle de la photo provient d’une autre église.

Comme je l’avais signalé dans l’article suscité, on persistera à dire que les instruments de Martin sont dans l’ensemble un peu mieux construits à cette époque que ceux plus tardifs des années 20. Celui-ci n’échappe pas à la règle.

Jean Jacques Trinques

Piano droit Martin

Année
Meuble Noir
Particularité piano pédalier
N° d’inventaire E.46